Nous avons réalisé pour l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement (OIR) une étude visant à analyser les trajectoires professionnelles des intérimaires ayant été victimes d’un accident du travail grave et/ou ayant engendré un arrêt de travail long. Celle-ci a été complétée par une évaluation des dispositifs déployés par les acteurs de la branche pour accompagner les intérimaires confrontés à ces situations.
La Commission Paritaire Nationale Santé Sécurité au Travail (CPNSST) de la branche du recrutement et de l’intérim a signé un accord sécurité et santé au travail en mars 2017. Dans le prolongement de ces réflexions et compte-tenu de l’exposition particulière des intérimaires aux risques professionnels, les partenaires sociaux ont confié à l’OIR le soin de missionner un prestataire pour réaliser deux travaux complémentaires : une analyse des trajectoires des intérimaires victimes d’accident du travail ainsi qu’une évaluation des dispositifs d’accompagnement proposés par les différents acteurs de la branche.
Nous avons réalisé – avec l’appui de notre partenaire Qualitest pour la passation des questionnaires téléphoniques – une enquête ayant permis d’obtenir plus de 2 100 réponses d’intérimaires ayant connu un accident du travail ou une maladie professionnelle entre 2011 et 2015. Tous avaient été arrêtés au moins 30 jours consécutifs ou 85 jours discontinus sur une année. Ceux-ci ont été interrogés sur les difficultés rencontrées à cette occasion mais également sur leur parcours professionnel à la suite de cet évènement. Cette approche quantitative a permis d’élaborer une typologie de 6 profils types, correspondant à des situations relativement variées. Elle a notamment permis de quantifier la part des intérimaires rencontrant des difficultés majeures et persistantes à l’issue de cet évènement et d’identifier les déterminants des trajectoires professionnelles.
Cette enquête par questionnaire a été complétée par l’analyse approfondie de 30 parcours d’intérimaires par le biais d’entretiens semi-directifs. Ces entretiens ont permis d’avoir une vision plus fine de la nature des difficultés rencontrées mais également des facteurs permettant d’éviter les phénomènes de désinsertion professionnelle.
Les acteurs du travail temporaire (Fastt et FAF TT en particulier) mettent en œuvre différentes actions spécifiquement dédiées aux intérimaires victimes d’un accident du travail (assistance dans les jours suivant la survenue de l’accident, accompagnement social global, dispositif de maintien dans le projet professionnel, bilans de compétences et CIF reconversion, etc.). Les intérimaires ont été interrogés lors du questionnaire et des entretiens sur leur connaissance de ces dispositifs et le rôle de ceux-ci dans leur parcours lorsqu’ils y ont eu accès. Ces points de vue ont été croisés avec ceux des acteurs qui mettent en œuvre les dispositifs d’accompagnement mais également avec la perception des agences d’emploi. Les salariés permanents des agences d’emploi ont été interrogés sur leurs pratiques, difficultés et besoins pour gérer au mieux ces situations. L’ensemble des conclusions ont été mises en débat avec les acteurs de la branche et les partenaires sociaux. Celles-ci ont donné lieu à des propositions relatives à l’offre de services à développer ou renforcer en termes d’actions à conduire en direction et avec les entreprises de travail temporaire et celles à mener en direction et avec les partenaires du droit commun (CARSAT, médecine du travail…).